Gien

October 8, 2004

« Mesdames, messieurs, dans quelques minutes nous arriverons en gare de Gien. Gien, arrêt exceptionnel. Pour votre sécurité vous êtes priés de ne pas ouvrir les portières, merci. »

Gien, ça doit être le coin le plus craignos de la Terre. Même les trains SNCF ne s’y arrêtent qu’exceptionnellement, et encore il vaut mieux pas descendre. C’est dangereux.

Une légende urbaine raconte qu’un jour un homme est vraiment descendu à Gien. Il n’en est pas revenu. Jamais. C’était un divorcé, il devait verser 1000 euros de pension à sa femme, parce que c’est pas cool d’avoir été sa femme, alors elle avait droit à une compensation. Lui il faisait chauffeur routier indépendant, et il livrait de l’herbe à chat pour une societé d’import-export polonaise underground. Le job de planqué, mais le soir c’était Maxor-le-Taru dans FFXI et personne rigolait quand il se connectait.

On l’a vu s’éloigner de quelques pas dans le brouillard, disparaître, puis le chef de gare a entendu un timide « Youhou ? Je van de la be, de la bonne lé mecs, z’en voulai ? » et s’en est suivi le silence le plus prodigieusement ennuyeux qu’il fût donné à un silence de l’être. A Gien, personne ne voulait fumer d’herbe à chat.

Soudain, retentit un cri lent et ennuyeux. Le contrôleur qui retenait encore la porte s’étira, bailla doucement à ce signal, puis laissa se refermer la portière scellant le destin de l’inconnu.