Noctambules excentrés

July 10, 2005

Samedi j’ai appliqué la même méthode que mardi, en rentrant sur Paris par le TGV de 6h51, ce qui ne laisse pas beaucoup de place au sommeil. Se lever tôt, se coucher tard c’est un peu pareil, mais il faut éviter de faire les deux dans la même journée à moins de disposer de plusieurs litres de café bien noir. En ratant le dernier jour des RMLLs, j’évite de dire au-revoir à pas mal de gens, et les questions habituelles sur mon séjour, puis j’aime bien me promener dans les villes désertes le matin. Alors me revoilà sur Paris.

Les Tanneries sont un espace autogéré établi à Dijon. Je crois qu’il y’a un résumé de leur histoire quelque part sur squat.net. Étant donné que dark veggy a occupé une longue partie de la soirée de vendredi pour expliquer le lieu, les démarches, et les occupants, je vais éviter de le faire ici en cinq lignes. Bougez vous plutôt. :)

En à peine quatres jours/nuits, une APs a été flashée, des connexions SSL éventrées, des serveurs DHCP malmenés, la bande passante épuisée, des légumes triés, débités, ébouillantés, puis dévorés enfin. Des geeks ont parlé d’informatique et de politique parfois sans les mélanger, de la meilleure façon de creuser des tunnels chiffrés, d’IA64, de drivers d’imprimantes récalcitrantes, de systèmes d’exploitation qu’on peut améliorer et hacker (dans le bon sens du terme) à loisir. Des films, documentaires, et musiques cultes/kitsch ont été diffusés librement suivant un consensus à peine énoncé. Une salle de concert remplie de portables, parcourue en long en large et en travers par des câbles de toute sorte. On a même vu des machines sous Windows ou Mac OS X. J’ai pu croiser mon patron qui a tiré une drôle de tête quand Lunar lui a expliqué où j’étais hébergé. Des ateliers informels se sont mis en place, et des conférences en live ont permis de démontrer une fois de plus que les admins de linuxfr sont des fourbes, et qu’Internet est décidément l’outil d’échange par excellence, pour peu qu’on s’en donne la peine.

Malgré tout c’était un peu épuisant à la longue, sans vraie pause dans la socialisation des rapports : pas si simple de trouver un moment pour s’isoler au calme, toujours quelque chose à faire, ou voir, etc. Je crois que j’aime beaucoup ce lieu quand même. À l’occasion j’y referrai sûrement un tour…

Puis, en rentrant j’ai trouvé dans ma boite aux lettres un petit mot de la direction du foyer m’écrivant : « Suite à un contrôle de la préfecture pour l’hygiène et la salubrité un inspecteur a visité votre chambre. Rien a signalé. » Après quatres jours dans un squat, c’est un peu ironique, et plein de fautes. C’est une chose d’avoir pensé à faire le ménage avant de partir, mais le fait qu’on entre dans ma chambre (et sans doute dans celles des autres habitants) sans même me prévenir auparavant me gène. C’est pas une question de pudeur non, mais c’est privé bordel, je vais pas chez l’inspecteur vérifier si sa chambre est apte à recevoir, lui, sa femme, et ses amant(e)s. Il y’a sûrement de la parano là-dessous. Bref, après une vraie longue douche et le remplissage du frigo, j’ai passé le reste de la journée dans mon lit très hygiènique et salubre à dormir ou lire parce que ma pile de bouquins non-lus devient décourageante.