Sentiments et autres troubles psychiatriques

November 13, 2003

Les sentiments naissent parfois là où on ne les attend pas. Ils ont alors cette fâcheuse tendance à devenir génants comme certains prefets corses ou autres navires pétrolifères si l’on tient à garder une échelle de grandeur proportionnelle. L’ennui réside alors non pas dans la nature instable du mouvement qui anime un sujet mais d’avantage en la manière dont il peut être amené à externaliser, victime d’un élan communicatif.
Cependant, comme la théorie n’est rien sans la pratique qu’un babillage xyloglotique tendant vers l’assoupissement de l’auditoire (c’est vous ça), il est bon de rappeler que les trains m’attirent : au point que souvent j’y passe près de cinq heures par semaine. Mais rassure toi, ô gentil lecteur, je me soigne. Mon psy. m’a prescris quelques heures de métro selon le principe ancéstral du tu vas en bouffer jusqu’à en crever être malade. Discutable certes, mais revenons à mon périple ferroviaire.
Aussi quand mon voisin, ému par les douces voix baryton de la paire de demoiselles proches de lui, ne résiste plus à son désir d’entamer la discussion, déclame : “Non mais elles vont pas la fermer ces deux dindes !?” ; je sens poindre de mon côté et au fur et à mesure de leur échange houleux les prémices d’un immense amour fraternel. Amour vache si l’on considère que le brave homme qui s’égosille à présent s’est trompé plus tôt en décrivant nos voisines comme des galinacées, mais amour tout de même. Etrange et insaisissable transport de l’âme qu’on aimerait partager à grands coups de chaînes de vélos dans leur gueule.
Ahem… du calme. Un jour, je vous parlerai des relations entre cause et conséquence(s) : cause and effect. Ou comment on peut plaider une logique métaphysique transcendant les principes de la relativité pour justifier un triple meurtre.