Mais j'exagère à peine...

August 21, 2004

Les petits orchestres de baptêmes, mariages, communions, etc. sont toujours un vrai plaisir pour ma génération : le plus souvent il y’a un clavier, genre Bontempi mais un peu plus gros pour jouer la boite à rythme, et son copain sadique l’accordéoniste. Mot compte triple pour l’accordéoniste avec artrose. C’est une pure machine de torture pour celui qui aime un peu la musique parce qu’on a droit à des reprises de tout ce qui a été écrit, chanté, vomit dans la chanson française. Les débutants dans le métier sont tentés d’ajouter quelques chansons étrangères parce que c’est trop la hype, mais ils se font rares. A vrai dire personne n’a vraiment envie de débuter dans ce métier.

Hier soir, après en avoir fini avec un petit tango dévastateur, le grand chauve lance quelque chose comme « Allez on y va les jeunes ça va bouger ! » Jeune, c’est une catégorie dans laquelle je rentre encore alors j’ai levé le nez de mon assiette un instant, et là c’est le drame. Il enchaine sur « C’est bon pour le moral ». Imaginez Goldman en pleine crise d’épilépsie qui déciderait de chanter « Highway to Hell », ou même Mireille Mathieu reprenant Courtney Love. Ce serait une symphonie à côté de ce que faisait ce génie de la douleur.

Entre le synthé high-tech qui donne le rythme en midi, son accordéon, son copain en chemise à carreaux, bretelles et guitare éléctrique, vous savez que vous vivez subissez un grand moment dans l’histoire de la torture. Les petits veinards qui ont encore quelques dents et un sonotone écrasent ce dernier avec rage et désespoir, les autres…

Vos derniers espoirs s’effondrent et quelque part vous sentez qu’on va bientôt vous demander de vous lever pour aller faire la ronde youpitralala hips. Il fait à peine 10°C dehors et vous ne fumez pas mais c’est pas grave, vous allez fumer dehors quand même. Toute la soirée ; parce que merde… qu’est ce qu’on est bien dehors.