Comment parler

October 22, 2004

jadawin, puis lunar dans la même journée* qui vous invitent à aller boire un verre. Non, je vois vraiment pas pourquoi ce soudain regain d’intérêt. Ou peut-être que je devrais me plaindre plus souvent finalement. J’ai des amis éléctroniques, et pour certains, ça fait bizarre de les voir en vrai une fois de temps en temps. :)

D’un autre côté c’est marrant parce que je peux comparer les discussions et les idées, séparées de quelques heures, avec deux personnes plutôt différentes. Midi et quelques. Je retire 20 euros encadré par à ma gauche un mendiant, et à ma droite un geek. Ce même geek n’arrête pas de me suivre, si bien qu’on finit par se dire bonjour comme si on se connaissait. Atterissage au Sous bock. C’est dommage : ce bouge est tenu par des gens à l’air plutôt sympas, mais dispose d’un patron plutôt morose. Voire carrément con sur les bords, au milieu, et même à côté de ses pompes.

Il y’a toujours ce geek casé, gentil, sociable, et qui boit de la bière noire comme il se doit. Les cheveux courts pour ressembler à ses idoles, l’air absorbé par la rédaction du Rapport. L’Immonde Rapport, son Altesse Répugnante de l’Enfer : plein de pages blanches sur lesquelles il faut raconter des mois d’exploitation de boulot. Raconter… si seulement ce n’était que ça. Mais il faut l’expliquer :
« _ Pourquoi vous avez fait ça ?
_ Pardon, je… je devais manger, vous comprenez ?
_ Vous pouvez développer ? »

J’ai déjà dû dire que « c’est le mal », je vais pas repasser le disque encore une fois. En vrai, on parle plus ou moins dans le futur, juste avant l’anticipation… trouver une boite avec une éthique, et exclusivement des gens bien est un vrai casse-tête, d’autant qu’en général “tout le monde il est beau” lors du premier passage. Souvent rien qu’un appât… C’est aussi l’histoire d’une aiguille qui se promenait dans une botte de foin à la recherche de ses amies. Un jour, elle en rencontre une, toute tordue qui lui répond : « Quoi ? vous avez bossé pour ce naze ? »

Croquage de madames, puis retour dans « le monde du travail », une pure production en trwadé pas-Pixar/pas-Disney. Avec des gens qui trouvent soi- disant des bugs sans pouvoir les reproduire deux fois, et d’autres qui essaient d’en produire le moins possible dans leur code. Leur code Perl, précisons le parce que ce n’est pas ce qu’il y’a de plus simple à débugger. Mais quand on vous dit « ça marche pas chez moi », le plus dur c’est de ne pas répondre « ouais ben chez moi ça marche. »

Fuite enfin, vers l’extérieur. Retrouver le Lunar aux pieds mécaniques pas loin de Daumesnil, marcher un peu au hasard, et se poser au Bottle shop. Une improvisation réussie dans une petite rue parisienne. On partage une pinte dans deux verres. Ca s’appelle un demi, c’est pour boire quand on a pas vraiment soif, et qu’on se pose sur la terrasse de quelqu’un.

Ce garçon est un peu le Lapin Blanc dans Alice au pays des merveilles : toujours quelque chose à faire, une todo-list longue comme un truc-super- long, et qui tend vers l’infini parce que toutes les deux phrases survient le « todo++ » vaguement récursif. Le lapin blanc oui, avec une touffe de cheveux en vrac pour illustrer “frisé” ou “anarchique” dans Le Petit Rob. Sans montre, ce qui le rend moins pressé. Du coup, on a le temps de parler autour de nos roteuses. De la fac, et des âmes plus ou moins éthérés qui l’hantent. De l’INSIA, et des gens qui y marchent entre les néons piqués sur le Nostromo. Mais aussi de langages de programmation, de blogs, de sauts de puces, parce que c’est ce qu’on fait nous les geeks.

Donc « Glop. »