Le reflet, ou pas.

November 23, 2004

Nous sommes lundi soir. Tard peut-être, je remonte République entre les stations Saint-Maur, et Père Lachaise quand il s’approche. Il engage la discussion deux minutes pour me parler de ses galères, et m’explique qu’un étudiant au chômage (!?) lui aurait refilé 75 euros sur les 150 dont il a besoin pour prendre le train. Il est sympa en fait, sauf qu’il m’ennuie avec son charisme et toute l’aisance que vous voulez lui donner. J’ai seulement envie de rentrer, pas de discuter. Prendre un livre, et faire chauffer du thé noir, amer. Personne n’a voulu le prendre en stop sur l’autoroute parce qu’il est noir, il m’explique avec un air entendu que ce serait pire s’il était arabe. Bref, la vie est dure pour lui, alors si je veux pas en rajouter, ce serait cool que j’aille retirer des sous pour lui filer. Pardon, lui prêter. Avec garantie. Ben voyons.

Sauf que le trajet direct Paris-Pau en TGV, en première classe coûte 108 euros, je l’envoie poliment promener. Il est pas content, blabla, je suis un mauvais monsieur, je pourrais le laisser crever, etc. D’ailleurs il me conseille d’être un peu moins raciste. Sweet.

D’après le dealer qui essayait de me refiler son numéro hier soir dans l’ascenseur, j’ai aussi une tête à fumer (!?). Le même ascenseur que j’ai pris avec une petite vieille qui s’y est faite agresser il y’a quelques semaines : elle me connaît, j’ai l’air gentil. Ça va, je peux prendre l’ascenseur avec elle alors.

D’après le monsieur en face, amateur de FreeBSD, j’ai une tête de geek. C’est ma faute aussi, à collectionner les machines, à passer du temps (trop) à coder, et à empiler des t-shirts ThinkGeek, on finit par devenir ce qu’on porte. Ou ce qu’on possède ; ou l’inverse. Même que c’est écrit dans Fight Club. Alors ça doit être vrai, au moins un peu si on veut adapter cette fiction à notre petit monde. Cela dit en passant, le livre est moins boys only que le film, mais si je continue on va tous perdre le fil. Avouez que ce serait emmerdant si maintenant je me mettais à parler d’XML, au lieu de… euh du truc d’avant. Stop. Peut-être que je devrais changer ? Je me demande comment les possesseurs de Mac doivent le prendre. :)

C’est emmerdant cette façon qu’on a de mettre les autres dans les cases qui nous arrangent. En informatique par exemple, on aime bien les choses simples, alors pour classer les gens, il y’a 10 catégories : me (la préférée d’un certain Smith, Agent Smith), et !me.

Dans la catégorie me se trouve la chose que vous êtes : vous, vos poumons, votre foie, tout ce qui se mange, mais aussi le reste qu’on recrache parce que non-comestible. Vêtements, cheveux, téléphone portable, appartement(s), etc. Dans le meilleur des cas cette catégorie égale la seconde en importance. Si la seconde est plus grande, félicitations vous êtes dans la merde, à moins que…

Il arrive que des gens y mettent aussi une autre personne. Ça s’appelle un couple, voire un triplet pour les inconscients. Au delà c’est du mensonge, et on rentre dans la deuxième catégorie. !me est plein du reste. Pas vous si vous préférez. Il faut faire attention parce qu’il peut arriver que !me écrase un peu la première catégorie.

Simple non ? Bon alors on efface tout et on oublie, parce que c’est pas comme ça que ça marche, à part peut-être chez un psy ; mais en changeant des mots avec “sexe”, “complexes” ou “névroses”, et encore un peu de “sexe” ça peut pas faire de mal. Non, et puis pour croire que moi j’expliquerais la vie l’univers et tout le reste, il faut vraiment s’être enfilé un bon mètre de Pan Galactic Gargle Blasters.