Grandir

January 6, 2006

Quand j’étais (beaucoup) plus jeune, j’avais l’habitude de me battre avec ma soeur à longueur de temps. On se filait des beignes plus ou moins discrètement, on faisait semblant de chialer chacun notre tour pour que l’autre se fasse engueuler, et avec le temps on est devenus des petits experts en guerilla ménagère. Si je la pousse là, elle va se faire des bleus ici pas trop visibles. Attend trois marches et elle devrait rien se casser. Ah merde, p’tain elle saigne du nez… etc. Remplacez “elle” par “il” et vous aurez une idée de nos petits jeux innocents.

Ajoutez quinzes ans, demandez-vous si un garçon évolue vraiment en si peu de temps, et vous avez moi. La seule chose qui me reste c’est une certaine capacité à mentir : quand tu es jeune tu apprends vite à avoir l’air triste et frustré, mais c’est pas si facile d’embobiner des instits qui ont une trentaine de gosses sur les bras toute la journée, alors tu perfectionnes jusqu’à avoir l’air crédible. En prenant des années le seul truc que je sais encore faire, c’est avoir l’air heureux :

« - Maman j’veux une SuperNes.
- Non.
Aaaaargl c’est la fin du monde ; ;
- Ok. Allééé quoi au moins une gameboy, elle la prend tout le temps.
- Non.
- Ok, et euh je peux pousser le chariot ?
- Ouiiiii. /
SOS Enfance Malheureuuuuuuuuse, mes parents ils sont nuuuuuls.
»

J’étais déjà trop fort. Où est passée la joie simple qu’on éprouve en faisant des roue-arrières avec un caddie de supermarché ? Hmm ? Quoi sur MTV ? Tu sors toi.

Bien entendu, aujourd’hui, ça m’amène à penser des choses merveilleuses après coup comme « eh mais tu vois pas que je suis complètement perdu tellement j’ai l’air sûr de moi là !? » ; et à désespérer en souriant dans mon coin qu’on vienne me consoler : « ’fout moi la paix, je baigne dans le bonheur total. »

Alors ce soir comme j’ai un peu la tête dans le cul, et aussi parce que ma mère me l’a expliqué, donnant lieu à un “oh putain mais… c’est vrai en plus”, je vais t’avouer à toi, GLA, comment faire pour savoir quand je fais semblant, ou non. C’est son truc à elle, mais il est assez facile : le vrai sourire heureux sans arrière-pensée c’est smile. L’autre, celui qui cache quelque chose de fourbe, sournois, et parfaitement stressant pour moi, c’est fake smile. Voilà, j’espère que ça te sera utile.

Allez, la prochaine fois si je suis motivé, je vous parle de PNP, et de comment ça me file des cheveux blonds.