reverse "motivation"

January 18, 2010

J’allais écrire quelques lignes sur la motivation en entreprise, et puis en fait non. D’autres en parlent mieux que moi, plus longuement avec des prétentions d’exhaustivité que je n’ai pas.

Depuis des années, Guillaume Paoli, philosophe exilé en Allemagne, s’interroge sur le monde du travail. Celui où l’on perd son âme, à force de désillusions. Propos noirs, où l’auteur démontre qu’il faut « mettre les freins ». Le monde du travail d’aujourd’hui est confronté à l’impérieux besoin de canaliser la « motivation » des salariés. Faute de quoi, l’entreprise est condamnée à terminer sa course au cimetière des « marchés ». Dans une économie où cette logique des « marchés » est omniprésente, la motivation conduit en fait les travailleurs à simuler. Lettre de motivation simulée, comportement de travail simulé, implication simulée… la « motivation » est « pervertie » …

Vous pouvez écouter un enregistrement de qualité inégale sur citéphilo si vous avez du temps à tuer. Ou même lire, sur le même sujet : un Entraînement à la démotivation : Anecdote sur l’abaissement de l’optimisme économique. J’ai assez peu d’expérience sur le sujet, du haut de mes 27 ans, mais le principal défaut des havres où je m’abrite semble être leur qualité éphémère. Ça ne s’applique pas spécialement à mon job actuel, mais j’ai l’impression qu’un glissement progressif rapproche les frontières de ce qui me faisait chier au départ. Du coup, je peux comprendre la politique d’enfermement dans une routine, le jeu des apparences que d’aucun applique pour passer une journée, un mois, ou des années (?) : sortir la motivation et le plaisir du travail qui reprend alors son sens premier. La torture. Ça me semble aussi très défaitiste, et résigné. Sérieusement, quand on en est là, autant aller voir ailleurs, ne serait-ce que par respect pour ceux qui nous entourent. Sinon, bienvenue chez les robots.

Si l’on sent qu’on est partie non pas d’une pompe à fric, mais d’un groupe d’individus suffisamment intelligent et créatif pour co-exister, il reste peut-être de l’espoir pour l’entreprise non?